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Vaccination animale: Les répercussion du boycott des vétérinaires

La Chambre syndicale nationale des médecins vétérinaires a annoncé, il y a une semaine, son boycott du mandat sanitaire, accord entre les services vétérinaires publics et les vétérinaires privés accrédités qui permet aux autorités tunisiennes de mettre en place des campagnes de vaccination contre des maladies animales.

Le mandat sanitaire a été mis en œuvre en Tunisie en 2006, en vertu d’un arrêté du ministre de l’agriculture, de l’environnement et des ressources hydrauliques du 28 juillet 2004, fixant les conditions d’octroi du mandat sanitaire et les tarifs des vaccins. Lequel arrêté a été amendé en 2005 et 2008. Ce mandat permet la couverture vaccinale, par les vétérinaires privés, des maladies à déclaration obligatoire des petits ruminants, telles que la fièvre aphteuse, la fièvre catarrhale ovine (maladie de la langue bleue), la rage, la brucellose et la variole des ovins et des camélidés.

Le président de la Chambre syndicale nationale des médecins vétérinaires, Mohamed Nejib Bouslama a indiqué que la décision du boycott intervient sur demande de 87% des vétérinaires privés opérant dans les différentes régions, en raison de la non révision du tarif des vaccins fixé à 450 millimes/animal et l’opposition du ministère de l’agriculture à l'ouverture d'un dialogue sur ce point.

"Le boycott du mandat sanitaire et des campagnes vaccinales sera à l’origine d’une augmentation des maladies animales notamment lors des opérations de vente et d’achat d’autres pays, ce qui impactera négativement la santé humaine .

"Les tarifs de vaccination n’ont pas été révisés depuis 2013, alors qu’ils devraient être actualisés tous les 5 mois, ce qui a poussé la chambre à présenter un projet de révision en 2019, mais aucune suite n’a été donnée à cette proposition par le ministère de l’agriculture. Seule une augmentation "non garantie" de 5% du montant global alloué au mandat sanitaire a été proposée, en 2022, par la commission nationale en charge du mandat sanitaire, pour le faire porter à 18,9 mille dinars, contre 18 mille dinars actuellement" a ajouté Bouslama.

Le représentant de la Chambre a fait remarquer que l’augmentation proposée n’est pas cohérente avec la régression du cheptel en Tunisie et la montée des prix des moyens de transport, des hydrocarbures et des équipements nécessaires au travail vétérinaire, ce qui a dissuadé les médecins vétérinaires ( dont 60% sont des jeunes) à adhérer à ce processus.

"Outre la non révision des tarifs, le ministère de l’Agriculture ne respecte pas d’autres conditions relatives au mandat sanitaire et ne procède pas à la distribution de la totalité des vaccins nécessaires aux vétérinaires avant le lancement des campagnes" a-t-il indiqué, affirmant que "11 milliards de vaccins sont actuellement disponibles à la pharmacie centrale. Ces vaccins n’ont pas été distribués et risquent d’être altérés".

Le doyen des médecins vétérinaires tunisiens, Ahmed Rejeb, a mis en garde contre les risques d’un boycott des campagnes vaccinales des animaux, étant donné que 60% des maladies humaines sont d’origine animale, à l’instar de la rage (ayant causé la mort de 5 personnes en 2022) et la fièvre catarrhale qui se transmet à l’homme à travers le lait non pasteurisé.

Il a considéré que la situation épidémique des animaux en Tunisie est en voie de devenir catastrophique surtout que 30% des vaches en Tunisie sont atteintes de tuberculose, soulignant que le ministère bloque le processus de vaccination animale qui repose sur le partenariat entre l’Etat ( qui fournit les vaccins) et les vétérinaires privés et vise à préserver la richesse animale et la sécurité alimentaire.


 

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